dimanche 12 janvier 2014

John Smith /// The girl chewing gum



Parmi les cinéastes-dialecticiens, d’Eisenstein à Godard, de Murnau à Eustache, on pourrait aisément compter un cinéaste expérimental britannique dont le nom est courant et omniprésent : John Smith. Pour ce cinéaste, la dialectique s’opère évidemment entre l’image et le son, mais aussi et surtout entre la fiction et la réalité, le grand et le petit, l’exceptionnel et le trivial, ou encore l’histoire et la vie quotidienne qui, perçue comme un petit rien, disparaîtra dans l’élaboration de l’histoire officielle. Dans sa récente sérieHotel Diaries (2001-2007), John Smith oppose de façon simple et subtile ces deux choses incompatibles et entremêle son monologue balbutiant d’une réflexion sur des guerres en cours. Pour le voir, il suffit de regarder son premier épisode, Frozen War (2001), où le cinéaste, en pleine nuit dans une chambre d’hôtel, juxtapose la description des meubles et le commentaire off autour d’une image télévisée qui, s’arrêtant par accident à 1 h 41 du matin, rapporte le bombardement par les Américains et les Britanniques de l’Afghanistan. Afin d’introduire l’historicité dans son œuvre, John Smith persiste tout de même à ne pas s’éloigner de l’un des sujets auxquels il s’attache depuis ses premiers films, le quotidien, c’est-à-dire, pour parler comme Blanchot, « ce qu’il y a de plus difficile à découvrir »

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Benoit Grimalt /// 16 photos que je n'ai pas prises /// 16 vues de Lourdes

Et un jour, devant un très beau lever de soleil, il décide de seulement le contempler et ne se lève pas pour le photographier. Un jour, donc, il refuse délibérément de photographier, il préfère regarder plutôt que viser, jouir plutôt que posséder, imprimer un souvenir dans sa mémoire plutôt qu’une image dans un album ou un fichier. Certes, il ne s’en glorifie pas, il n’en tire pas une théorie, une morale, il dit simplement avoir été trop paresseux pour se lever. Une démarche de plaisir et de paresse, une petite rébellion contre la logique productiviste et consumériste qui nous fait prendre des photos à tout va, qui nous contraint à photographier plutôt qu’à regarder, qui nous entraîne dans le tourbillon visuel.


Illustrations: 1_ 16 photographies que je n'ai pas prises (2013) /// 2_16 vues de Lourdes (2011)

Adam Magyar /// 10 000 images/seconde


Adam Magyar, Stainless - Shinjuku
Stainless porte sur l'individualité de ce que nous sommes. Grâce à une slit-cam industrielle reprogrammée et agrémentée pour répondre à ses besoins, l'artiste saisi le moment où les wagons du métro, encore lancés à pleine vitesse, entrent en gare. Immense carcasse de métal aseptisée glissant au coeur du néant, les rames sont animées par les anecdotes humaines visibles au travers de leurs fenêtres. Alors que certains passagers sans doute harassés par leur quotidien se laissent porter passivement, d'autres s'affairent, mais tous partagent le même but: l'arrivée à destination.
















Adam Magyar modifie ses scan-cam pour son propre usage

   
Adam MAGYAR | Urban Flow, Behind the Scene
pour Urban Flow, il se sert des caméras miss au point pour les "photo-finish", qui ne conservent que les sujets mobiles.

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samedi 19 octobre 2013

europunk, une révolution artistique /// Georges Rey, "get baque" Starshooter , 1977, super8 sonore



 "Mon cinéma ne veut rien, ne dit rien, il montre." Georges Rey Cinéaste et photographe, fondateur en 1976 de la salle expérimentale « Le cinéma » à Lyon et programmateur à l’Espace Lyonnais d’Art Contemporain, Georges Rey (né en 1942) est contemporain dans les années 60 du courant appelé cinéma « expérimental » ou « underground » aux Etats-Unis. Ses films consacrés à la scène punk lyonnaise (Starshooter, Electric Callas, Marie et les Garçons) sont montrés dans le cadre de l'exposition Europunk.  
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EUROPUNK... UNE RÉVOLUTION ARTISTIQUE Du 15 octobre 2013 au 19 janvier 2014 Né sur les cendres froides de Mai 68, dans un contexte de crise économique et de faillite des idéologies, et dans un monde en proie à une menace protéiforme et confuse (nucléaire, totalitaire, terroriste), le punk est un mouvement aussi paradoxal que fondamental. Révolution sans cause, ambiguë, chaotique et radicale, faisant un usage systématique de la provocation et du second degré, le punk prônait le no future tout en proposant à chacun de changer le monde. L'injonction Do it yourself, exaltant les vertus de l'action autonome et faisant de chacun un acteur/créateur potentiel, est un axiome qui n'a rien perdu de sa pertinence. L'exposition Europunk veut montrer le fruit de cette effervescence créative qui, entre 1976 et 1980, parallèlement à ce qui se produisait aux États-Unis, a agité le Royaume-Uni d'abord, puis l'ensemble du continent européen. Enfant illégitime de Dada, de Fluxus et du situationnisme, cette contre-culture qui rejetait l'Art aura en effet réussi, au mépris des canons esthétiques, à imprégner profondément et durablement tous les domaines de la création : la musique bien entendu, mais aussi le cinéma, les arts plastiques, la mode, la bande dessinée…
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vendredi 18 octobre 2013

Luc Moullet /// Ma première brasse (1981)




 En 1980, un fan qui dirigeait une "collection" à l’Institut National de l’Audiovisuel, Jean Collet, m’a proposé de tourner un des six téléfilms prévus sur le thème "Le Grand jour". Ne sachant pas nager, j’ai imaginé que ce serait un grand jour pour moi que celui où j’apprendrais à nager. Une option totalement imaginaire, car je me fous totalement de savoir nager ou pas. Le film raconte donc mon rapport à l’eau avant la date du grand jour, et mon odyssée ponctuelle de l’apprentissage. C’est le premier de mes films dont je suis le seul protagoniste. Les membres de l’équipe technique y tiennent aussi leurs propres rôles, avec des comportements totalement imaginaires. C’est probablement le plus pataphysique de mes films. Trois-quarts d’heure pour un sujet aussi mince. C’est le paradoxe de "Ma première brasse". Le plus étrange, c’est que ce film très peu conventionnel est en fait un téléfilm, genre très standardisé. Voilà le genre de produits jugés incongrus par la critique télévisuelle. Une séquence a particulièrement retenu l’attention : ma danse de trois minutes, en un seul plan, sur les tons, réputés impossibles à danser, du hit Pop Corn, un exemple fameux de musique électronique. (Luc Moullet)

vincent delbrouck /// As dust alight


Vincent Delbrouck ( aka V.D., *1975) privilégie une forme de recherche empathique au monde, loin du carnet de voyage folklorique. L’autofiction signe sa manière de travailler, une recherche permanente de sa propre identité de Cuba au Népal, autant de voyages initiatiques, de cheminements intérieurs vers la beauté du monde, ce qui en creuse les ombres, ses propres failles, ses découvertes intimes. Sa photographie embrasse tout!
Dans son premier livre Beyond History (Havana 1998-2006), finaliste pour le Prix du livre d’auteur aux RIP d’Arles 2009, V.D. assemble et recompose au moyen de techniques mixtes les fragments de son expérience vécue lors de nombreux séjours à La Havane. Jouant sur la frontière poreuse entre réalité et imaginaire, il évolue, tel un personnage de fiction, dans un univers singulier qui oscille entre «réalisme sale» et «documentaire poétique». L’ensemble se lit comme un parcours initiatique, un album de jeunesse intime et truculent.
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son dernier livre, "as dust alights"

illustration: Vincent Delbrouck "some windy trees", 2010

dimanche 12 mai 2013

Thomas Ruff "photograms and ma.r.s." /// David Zwirner gallery



The photograms and ma.r.s. works presented in this exhibition continue his interest in visual verisimilitude, with each series exploring the mutability and material presence of the photographic image. The photograms depict abstract shapes, lines, and spirals in
seemingly random formations with varying degrees of transparency and illumination. Their compositions are reminiscent of artistic experimentation with camera-less photography in
the 1920s, where objects were placed directly on photo-sensitive paper and exposed to light, creating white or gray silhouettes wherever they made contact. Cherished in particular by Surrealists, such photograms were governed by unanticipated light effects, allowing for the element of chance in the final result. Yet both the objects and the light in Ruff’s “photograms” derive from a virtual darkroom built by a custom-made software program, giving the artist more control over the outcome.
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illustrations: 1_ "ma.r.s. séries" (extract), 2013, Thomas Ruff ///  2_phg02, 2012, Thomas Ruff


lundi 6 mai 2013

No Longer Indifferent: The Photography of Milton Rogovin, Social Documentary Photographer



Milton Rogovin, né à New York le 30 décembre 1909 et mort à Buffalo le 18 janvier 2011, est un photographe américain et militant syndical. Sympathisant du Parti communiste, il est connu pour ses sujets sociaux, et fut également photojournaliste.

article de Mark Curran:
He is dangerous to the internal security because of his strong adherence to Marxist-Leninist principles (internal FBI memo dated April 8, 1968)
In 1909, five years after Lewis Hine had made his first journey to Ellis Island to document mass migration, another American photographer, Milton Rogovin, was born in New York City. The son of Jewish migrants, he would, like Hine, have another career before making photographs, experiencing a significant upheaval in his life when everything would change. Having graduated from Columbia University and subsequently practicing as an optometrist, Rogovin moved to Buffalo, upstate New York in the 1930s. This was at the height of the Great Depression, and coupled with living in an area defined as socially deprived, Rogovin became politically active. As he comments; ‘this catastrophe had a profound effect on my thinking, on my relationship to other people. No longer could I be indifferent to the problems of people’ (1974: 12).
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illustrations: 1 et 2_ from Lower East Side (extraits)

samedi 2 mars 2013

Luc Moullet "Foix" /// 1994



L'œuvre cinématographique de Luc Moullet est celle d’un franc-tireur indépendant, malicieux et facétieux, à mi-chemin (de traverse ou buissonnier) entre le bricolage en amateur éclairé (le musicien et inventeur d’instruments Patrice Moullet qui a réalisé la musique de plusieurs de ses films est son frère) et la contrebande en professionnel équilibriste (sur le mince fil tendu entre budgets légers et projets osés). La réelle diversité de cette œuvre en termes de formes, de formats et de genres, est faite d’alternance depuis plus de quarante ans de courts et de longs métrages, de documentaires irisés de fiction et de films de genre iconoclastes, d’essais plus ou moins autobiographiques et de leçons de choses pratiques et insolites. Car il s’agit au fond ici de mener sur tous les fronts une vive et acérée critique de la société contemporaine radiographiée jusque dans ses plus intimes, infimes et dérisoires aberrations.

quelques extraits de la voix off du film:

"le mélangisme n'est pas un système exclusif: on a su préserver la pureté de l'ancien. Foix ne refuse pas le moderne. Les premiers grafitis sont délà arrivés à Foix mais un grand soin a été apporté à la propreté sous l'impulsion du maire, monsieur Fonderre."
"tout est fait pour les jeunes: ils se rendent au lycée, situé derrière l'hôpital"
"autre équipement culturel: la rue piétonne: elle offre l'avantage de pouvoir être utilisée par les piétons et par les autos"

jeudi 28 février 2013

Laure Albin Guillot (1879–1962), l’enjeu classique /// Jeu de Paume



Laure Albin Guillot, un ”nom sonore qui devait devenir fameux”, peut-on lire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le paysage photographique français de ce milieu de siècle est en effet singulièrement marqué par la signature et par l’aura de cette artiste qui, de son vivant, fut certainement la plus exposée et reconnue, non seulement pour son talent et sa virtuosité mais aussi pour son engagement professionnel. Organisée en quatre sections, l’exposition de Laure Albin Guillot permet de découvrir son art du portrait et du nu, son rôle actif dans le domaine de la publicité, son œuvre imprimée et enfin un ensemble conséquent de ses “micrographies décoratives”, stupéfiantes photographies de préparations microscopiques qui firent sa renommée en 1931.
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Illustrations: 1_ Estampe pour F. Marquis chocolatier-confiseur, Paris, sans date, Laure Albin Guillot /// 2_Micrographie, vers 1929, Laure Albin Guillot

Thomas Vanden Driessche: Photo-booth



Un photomaton vintage a atterri à Bruxelles pour quelques mois, non loin de chez moi. Au début c'était un jeu puis, j'ai voulu parler de la photographie et des photographes avec humour...
Thomas Vanden Driessche est né à Louvain en 1979. Diplômé en journalisme et management humanitaire, il a travaillé successivement pour le Programme des Nations Unies pour le Développement au Maroc, pour la Croix-Rouge de Belgique et pour la Délégation du CICR auprès de l'UE et de l'OTAN. 
Actuellement photographe freelance membre du collectif Out Of Focus depuis 2011 et photographe nominé au sein de l’agence photographique parisienne Picturetank, il collabore régulièrement pour l'hebdomadaire belge Le Vif l'Express.

dimanche 3 février 2013

Center for Land Use Representation (CLUI)




Dedicated to the increase and diffusion of information about how the nation’s lands are apportioned, utilized, and perceived.
The Center for Land Use Interpretation is a research and education organization interested in understanding the nature and extent of human interaction with the earth’s surface, and in finding new meanings in the intentional and incidental forms that we individually and collectively create. We believe that the manmade landscape is a cultural inscription, that can be read to better understand who we are, and what we are doing.
The organization was founded in 1994, and since that time it has produced dozens of exhibits on land use themes and regions, for public institutions all over the United States, as well as overseas. The Center publishes books, conducts public tours, and offers information and research resources through its library, archive, and website.
The CLUI exists to stimulate discussion, thought, and general interest in the contemporary landscape. Neither an environmental group nor an industry affiliated organization, the work of the Center integrates the many approaches to land use—the many perspectives of the landscape—into a single vision that illustrates the common ground in “land use” debates. At the very least, the Center attempts to emphasize the multiplicity of points of view regarding the utilization of terrestrial and geographic resources.

le site ici

Morgan Cowles Archives /// De-architecture, un exemple d'utilisation de la base de donnée du CLUI
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Illustrations : Centre for Land Use Interpretation (extraits), 2013 ///CLUI, logo, 2013

Alli Miller & Trey Burn /// Wessel Castle project





A portmanteau of Tom Wesselmann and White Castle, Wessel Castle is a collaboration between Alli Miller andTrey Burns. Mutable, cumulative, and sweeping, Wessel Castle is simultaneously an archive, licensing agency, and manufacturer of digital forms. Our photographs (and subsequent installations) explore “other spaces” in the matrices of consumer enticements, and megatexture of the American commercial landscape.


With a nod to the legacy of pop art and culture jamming, we examine sign culture within the grammar of public space, and strive to subvert the sterile presentation of corporate marketing through the framing of that which is liminal, hyperbolic, and humorous. We isolate moments in contrast to the inconspicuous massage of advertisement, and create typologies of these spaces in order to form new meaning.

exposition et conférence à New Orleans à la May gallery

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illustrations:  1_Wessel Castle, advertisement on a public bank for the exhibition at the May Gallery, 2&3_Wessel Castle, archives (extrait), 2013

vendredi 26 octobre 2012

Voici Paris /// Centre Pompidou /// Collection Christian Bouqueret





Modernités photographiques, 1920-1950 ///
La collection Christian Bouqueret au Centre Pompidou, Musée national d'art moderne

Initiée dès la fin des années 1970, la collection rassemblée par Christian Bouqueret comprend près de sept mille images, pour la plupart des tirages originaux, œuvres de plus de cent vingt photographes actifs à Paris entre les années vingt et quarante. Représentative de la richesse de la scène parisienne, cette collection mêle les œuvres de figures magistrales de la photographie (Man Ray, Kertész, Krull, Dora Maar, Brassaï), aux images de photographes moins célébrés (Moral, Steiner, Zuber). Avec l'acquisition de la collection Bouqueret, qualifiée d'« œuvre d'intérêt patrimonial majeur », le fonds de photographies du Centre Pompidou - l'une des rares collections au monde apte à présenter une histoire complète de la photographie moderne et contemporaine dans sa diversité - devient la collection de référence pour l'étude de la photographie moderne en France dans les années 1930. Présentant un choix d'images inédit, « Voici Paris » dresse le portrait de la création photographique en France dans l'entredeux- guerres. À cette époque, Paris, ville d'accueil de nombre d'artistes et photographes étrangers, aimante les forces vives de la scène internationale : Man Ray (États-Unis), Germaine Krull, Erwin Blumenfeld (Allemagne), André Kertész, Brassaï (Hongrie) et bien d'autres encore, s'y installent et y travaillent. Aux côtés des photographes français (Henri Cartier- Bresson, Claude Cahun, Jean Moral, Daniel Masclet, Pierre Boucher, etc.), ils participent àl'une des périodes les plus flamboyantes de l'histoire de la photographie, celle où les artistes s'emparent du médium pour inventer la vision moderne.
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illustrations: 1_Jean Moral "cheminée", 1927 /// 2_Laure Albin Guillot "Le Louvre Pendant la guerre", 1939.

mercredi 24 octobre 2012

OFFPRINT 2012 /// 15-18 Novembre /// École des Beaux-Arts de Paris


OFFPRINT PROJECTS IS A PLATFORM THAT INVESTIGATES THE IMPACT OF THE NEW MEDIAS ON TRADITIONAL ART PUBLISHING FORMATS (MUSEUMS, ART SCHOOLS, BOOKS, MAGAZINES, GALERIES) AND EVALUATES UNDER WICH CIRCUMSTANCES AN "ART WORLD" IS STILL THINKABLE IN A CONTEXT OF DISSOLUTION OF THOSE FORMATS. OFFPRINT PROJECTS IS A FESTIVAL, A FAIR, A MAGAZINE, AND A MEETING POINT.

les conférences, les éditeurs présents à l'édition 2012


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illustration: Joachim Schmid présente son livre "Joachim Schmid by Martin Parr, Martin Parr by Joachim Schmid" dédicacé par Martin Parr.