lundi 30 mars 2009

Luc Moullet, Cinéaste


illustration: Luc Moullet et Bernadette Laffont dans le film de Luc Moullet, "Le Prestige de la mort" (2007)

Luc Moullet, dont l'oeuvre repose sur une immense culture cinématographique, aborde la réalisation comme le prolongement de son travail de critique. Il devient avec son premier long métrage une sorte de franc-tireur du cinéma français. Ses films, à l'expression décalée, proches du minimalisme, empreints d'un étrange réalisme conceptuel, célèbrent la mort du récit et surtout des genres, comme en témoigne Une aventure de Billy the Kid (1970), western français avec Jean-Pierre Léaud. En plein déferlement du cinéma pornographique, il réalise avec Antonietta Pizzorno Anatomie d'un rapport (1975), qui exalte le plaisir dans le rapport hétérosexuel. Luc Moullet se définit avant tout comme un humoriste. Toujours à cheval entre la fiction et le documentaire, il signe une ironique enquête socio-économique sur l'industrie alimentaire (Genèse d'un repas, 1978), son autobiographie distanciée (Ma première brasse, 1981) et un portrait saugrenu et ironique du monde du travail et du chômage (La Comédie du travail, 1987). Depuis 1984, il réalise un certain nombre de courts-métrages humoristiques qui recueillent l'estime de la critique intellectuelle. Il reste proche des médias, de la communication, il parle de son temps, il observe la société. Tout cela avec douceur et humour, non sans quelque ironie. Il tourne ainsi Imphy, capitale de la France (1995), Le ventre de l'Amérique et L'Odyssée du 16/9ème en 1996. Il est à la fois devant et derrière la caméra dans Nous sommes tous des cafards, en 1996. Il sort en moyenne un court-métrage par an et son oeuvre est toujours présente aujourd'hui, avec Les naufragés de la D17 en 2002. En 2007, il tourne Le prestige de la mort pour lequel il est également scénariste et acteur (il joue son propre rôle). Il tourne aussi Jean-Luc selon Luc (sur le travail de Jean-Luc Godard).








Luc Moullet, "tentatives d'ouverture d'une boîte", 1988, 14'



Luc Moullet, "Genèse d'un repas", 1978, 1h53