Grand « appropriationniste », Richard Prince
s'est rendu célèbre dans les années 1980 grâce notamment à ses
« re-photographies » des cow-boys des campagnes de pub Marlboro ou à
l'utilisation telles quelles des sulfureuses photos de Brooke Shields enfant par Gary Gross. Alors que son exposition American Prayer débute mardi à la Bibliothèque nationale, à Paris, l'artiste américain (ainsi que sa galerie, le géant Gagosian)
vient d'être condamné par une juge de la Cour fédérale de Manhattan
pour violation du droit d'auteur, aux dépens du photographe français
Patrick Cariou. Celui-ci avait porté plainte en 2008 pour la
réutilisation par Richard Prince d'une quarantaine de ses photographies
ayant pour sujet les Rastafariens de Jamaïque (publiées en 2000 dans le
livre Yes, Rasta), dans une série de peintures et de collages intitulée Canal Zone.
Exposée en décembre 2007 à la galerie Gagosian, celle-ci a été vendue
pour 10 millions de dollars (environ 7 millions d'euros) — pas un cent n'ayant été reversé à Patrick Cariou, auquel nulle autorisation n'a été demandée.
Pour leur défense, les avocats de Prince et Gagosian plaidèrent le « fair use » (usage raisonnable) des photographies de Cariou, qualifiées de « non-créatives », et le caractère « transformatif » des œuvres de Richard Prince. Dans sa décision, la juge a fait valoir quant à elle que « la photographie, depuis plus d'un siècle, est soumise à la protection du copyright », et demandé la saisie ou la destruction des œuvres de la série Canal Zone,
qui devront être livrées à Patrick Cariou. L'artiste et la galerie
devront informer les propriétaires des œuvres qu'elles sont illégales et
ne peuvent être exposées. Une seconde audience aura lieu en mai afin de
déterminer le montant des dommages et intérêts.
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Illustration: Œuvres de Patrick Cariou et Richard Prince. Courtesy Patrick Cariou.