samedi 26 mars 2011

Sylvie Bonnot /// marcher un paysage /// Eros est un rocher



A regarder de près la genèse du travail plastique de Sylvie Bonnot, on se prend à penser que la photographie est d'abord, sinon un prétexte du moins un auxiliaire pour marcher un paysage, arpenter un territoire, s'y immerger physiquement, se fondre en lui, faire corps avec lui.

C'est ainsi qu'elle parcourt seule, par tous les temps, pendant plusieurs années, la campagne irlandaise.
Lorsqu'elle y photographie des habitations et des autochtones, il semble, malgré une perceptible empathie, que l'on ne quitte pas un instant la thématique du paysage.
Au retour de ces périodes d'immersion, elle développe et thésaurise des centaines de photographies, qu'elle agrandit parfois, mais que, la plupart du temps elle accumule (on aurait dit autrefois qu'elle resserre) dans des boîtes qu'elle a fait fabriquer à cet effet. Une façon de s'approprier, de contenir, de posséder le territoire parcouru ?
Puis elle va partir aux antipodes, travailler dans une contrée radicalement différente, en Australie Occidentale, avec la même passion. Là encore, le paysage, sous une tout autre latitude. la nature sauvage, mais d'une autre nature, la chaleur, les arbres morts, le bush, le desséché à la place de la verdure, la terre rouge à la place de l'herbe verte, l'air qui vibre au lieu du crachin et des bruines Irlandaises.
Mais toujours la mer. Son mouvement, ses fracas, ses jaillissements, ses éclaboussures.
Cet écart majeur dans la nature provoque une mise à distance qui l'amène à évaluer graphiquement les structures des images qu'elle capte.
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Illustration: 1_Séquence (sans titre), Inis More, 2010 /// 2_ Sans titre ( Oilbar jaune primaire sur tirage baryté), 2009