vendredi 15 mai 2009
Malick Sidibé /// interview /// L'homme aux mille appareils ou la caverne d'Ali Baba de Bagadadji
Malick Sidibé, 74 ans, est une mémoire vivante du Mali de la fin de la colonisation et de l'indépendance. C'est à la fin des années 1950 qu'il a fait ses premières photos. Malheureusement, la plupart de ses premiers clichés (ceux du studio "Photo Service" qu'il gère de 1958 à 1962) sont perdus. Ayant quitté son village de Soloba assez tôt, Malick est engagé d'abord comme dessinateur par le photographe Gérard Guillat, un Français de Bamako. Rapidement, alors que "Gégé la pellicule" couvre les fêtes de la petite société coloniale, Malick couvre les fêtes des Bamakois. Il alterne donc travail en studio le jour et clichés "sur le vif" le soir...
Interview Malick Sibide (Afrique in visu)
Comment as-tu débuté le métier de photographe ?
Dans mon village, un commandant colonial m'a trouvé un talent de dessinateur. Il voulait m'aider financièrement pour que j'aille aux Beaux-Arts à Paris. En 1952, finalement le destin m'a amené à Bamako à L' INA (anciennement appelé l'école des artisans soudanais). Quand un français est venu pour ouvrir son studio photo à Bamako, il a demandé à l'INA de lui conseiller un artiste pour décorer son studio. C'est ainsi que je suis devenu le premier employé de l'homme qu'on surnomme "Gégé la pellicule" en 1955. Je suis tout d'abord caissier dans cette boutique du centre ville : Photo service. En 1956 avec mes premiers salaires, j'obtiens mon premier appareil un Brownie Flash alors que je continue à servir les clients. C'est comme cela que je me suis lancé dans la photographie. Peu à peu j'ai réalisé des photos dans les soirées de Bamako ou encore des photos d'identité.
Quand as-tu eu ton propre studio photo ?
J'ai ouvert le Studio Malick à Bagadadji en 1962. En 1960, j'avais racheté tout le matériel photo d'un militaire français à Kati. A cette époque là Seydou Keïta, Youssouf Traore et bien d'autres possédaient déjà leur propre studio à Bamako. Aujourd'hui chaque famille quasiment a son propre studio… C'était une époque très prolifique pour la photographie. Les jeunes venaient se faire photographier avant d'aller en soirée. Je réalisais des reportages sur les jeunes dans des soirées. Je pouvais parfois en couvrir jusqu'à 6 par samedi ! C'était l'époque où la musique européenne était à la mode et les jeunes se libéraient par celle-ci. On pouvait danser en couple (chachacha…) comme les européens.
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plus d'infos
Illustrations: 1_Malick Sidibé "Un très curieux ventilateur", 1968, Gelatin silver print, 30 x 24 cm /// 2_Malick Sibide "Nuit de Noël", 1963, Gelatin silver print, 60 x 50 cm /// © Malick Sibide