mardi 31 mars 2009

Marco Poloni /// shadowing the invisible man


Dans son travail, Marco Poloni (1961, CH) s'attache à sonder, explorer, multiplier les manières d'observer le réel. Il réalise des installations complexes qui mettent en jeu des caméras dans - ou proches de - l'espace d'exposition. Les images filmées par ces caméras sont diffusées ailleurs dans la salle d'exposition et souvent mélangées avec des séquences préenregistrées. Le spectateur cherche à comprendre le statut et le circuit des images, qui toutefois restent partiellement énigmatiques. Marco Poloni tente ainsi de rendre le spectateur plus attentif à son environnement immédiat et, par delà l'exposition, l'incite à observer les lieux dans lesquels il vit.
Cette position "d'observateur - metteur en scène" se retrouve dans des séries de photographies récentes, comme par exemple aka (also known as) (2002-2003) qui prend la forme de notes pour un film potentiel. Cette série est composée de 64 photographies qui montrent la vie quotidienne d'un homme aux identités multiples, un être qui semble mener une vie discrète et studieuse. Il est le plus souvent de type moyen-oriental, soit celui qui incarne aujourd'hui le portrait-robot du terroriste international. Cette œuvre déclenche avec force toutes sortes de fantasmes, de peurs, d'assimilations qui sont dues au matraquage médiatique de l'après 11 septembre 2001. Depuis cette date, on a vu tellement d'images et d'informations qui convergent dans la formation d'une psychose collective, que l'on appréhende l'individu multiple traqué par Marco Poloni davantage selon la formule "Tout individu coupable doit prouver son innocence" plutôt que selon la formule "Tout individu est innocent tant que sa culpabilité n'est pas prouvée".

interview
le projet "shadowing the invisible man"
galerie Christian Roellin

illustration: Marco Poloni, Untitled, 2009
carte de voeux du Centre de la Photographie de Genève

lundi 30 mars 2009

Snapshots /// L’histoire de l’art et le tournant ethnographique


par Geoffrey Batchen, traduction par Marine Sangi
in "Études Photographiques" N°22, octobre 2008

L’histoire de l’art a son cauchemar : les images ennuyeuses. J’entends par là les instantanés, qui forment le plus incontournable et le plus populaire des genres photographiques. J’aborderai donc ici le problème que pose l’écriture d’une histoire consacrée à l’instantané. Un problème qui tient à l’embarras du choix qui s’impose, lorsqu’il s’agit de retenir ou d’écarter des images ; ou, plus précisément, d’imaginer un principe sur lequel fonder des jugements de valeur, composante essentielle d’une pratique traditionnelle de l’histoire de l’art. À bien des égards, l’instantané se dérobe à cette pratique, tout comme le fait la photographie en règle générale. En ce sens, on pourrait dire que l’instantané est à l’histoire de la photographie ce que la photographie est à l’histoire de l’art : une sérieuse menace pour le bon équilibre de sa discipline d’accueil. Une menace que certains qualifient de » tournant ethnographique ». Bien qu’entièrement consacré à l’instantané, cet article aborde également les questions de méthodologie qui résultent de cette confrontation forcée de l’histoire de l’art avec la présence spectrale de son autre.
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illustration: Amateur anonyme, petite fille sur le pas de la porte, tirage gélatino-argentique, 12 x 7,6 cm, v. 1943-44, coll. Frank Maresca/ The Newark Museum, New Jersey.

Luc Moullet, Cinéaste


illustration: Luc Moullet et Bernadette Laffont dans le film de Luc Moullet, "Le Prestige de la mort" (2007)

Luc Moullet, dont l'oeuvre repose sur une immense culture cinématographique, aborde la réalisation comme le prolongement de son travail de critique. Il devient avec son premier long métrage une sorte de franc-tireur du cinéma français. Ses films, à l'expression décalée, proches du minimalisme, empreints d'un étrange réalisme conceptuel, célèbrent la mort du récit et surtout des genres, comme en témoigne Une aventure de Billy the Kid (1970), western français avec Jean-Pierre Léaud. En plein déferlement du cinéma pornographique, il réalise avec Antonietta Pizzorno Anatomie d'un rapport (1975), qui exalte le plaisir dans le rapport hétérosexuel. Luc Moullet se définit avant tout comme un humoriste. Toujours à cheval entre la fiction et le documentaire, il signe une ironique enquête socio-économique sur l'industrie alimentaire (Genèse d'un repas, 1978), son autobiographie distanciée (Ma première brasse, 1981) et un portrait saugrenu et ironique du monde du travail et du chômage (La Comédie du travail, 1987). Depuis 1984, il réalise un certain nombre de courts-métrages humoristiques qui recueillent l'estime de la critique intellectuelle. Il reste proche des médias, de la communication, il parle de son temps, il observe la société. Tout cela avec douceur et humour, non sans quelque ironie. Il tourne ainsi Imphy, capitale de la France (1995), Le ventre de l'Amérique et L'Odyssée du 16/9ème en 1996. Il est à la fois devant et derrière la caméra dans Nous sommes tous des cafards, en 1996. Il sort en moyenne un court-métrage par an et son oeuvre est toujours présente aujourd'hui, avec Les naufragés de la D17 en 2002. En 2007, il tourne Le prestige de la mort pour lequel il est également scénariste et acteur (il joue son propre rôle). Il tourne aussi Jean-Luc selon Luc (sur le travail de Jean-Luc Godard).








Luc Moullet, "tentatives d'ouverture d'une boîte", 1988, 14'



Luc Moullet, "Genèse d'un repas", 1978, 1h53

dimanche 29 mars 2009

Paul Graham /// a shimmer of possibility /// MOMA


In August of 2004 Paul Graham (British, b. 1956), who had moved from London to New York in 2002, set out on the first of many trips around the United States to see and photograph the country for himself. This exhibition has been selected from the resulting series of photographic works, which Graham published in twelve volumes as a shimmer of possibility (steidlMACK, 2007). Each simple but structurally inventive series includes varying numbers of pictures, from one to more than ten, and provides a vivid glimpse into unheralded moments in the lives of individuals Graham encountered on his travels. A series showing a woman eating a take-out meal or a man waiting at a bus stop transcends its nominal subjects and describes aspects of life that, while ordinary, are imbued by the photographer with affection and curiosity. a shimmer of possibility is a call for attention to the brief, indefinite intervals of life. As Graham has said, "Perhaps instead of standing at the river's edge scooping out water, it's better to be in the current itself, to watch how the river comes up to you, flows smoothly around your presence, and reforms on the other side like you were never there."

Organized by Susan Kismaric, Curator, Department of Photography.

le site de Paul Graham

salon94



Illustration: Paul Graham, San Francisco (Flower Seller), 2005, c-print, 20 x 14 inches

Annette Kelm /// Kunsthalle Zürich


ANNETTE KELM
24 JANUARY – 26 APRIL 2009

The photographs by artist Annette Kelm (born in Stuttgart in 1975, lives and works in Berlin) appear to perpetuate traditional forms of photographic representation in an unspectacular way: i.e. they comprise still lifes, portraits, object photographs, architectural and landscape photographs in moderate formats, which tend to be based on conventional studio or landscape practices. Annette Kelm works traditionally, her photographs are taken with an analogue large-format camera and are individual handmade prints. She produces both individual photographs and series of works with individual motifs and, in her exhibitions, she always shows a combination of works which refuse to submit to a single reading of a theme or concept.
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plus d'infos

illustration: Annette Kelm, "cave", 2003, C-print, two parts

Photographie et temporalité /// Histoire culturelle du temps de pose


Un bourgeois immobilisé sur un boulevard, le temps du cirage de ses bottes: on a longtemps considéré ce personnage comme la première figure humaine enregistrée par la photographie[1] (voir ci-contre). Si d’autres documents ont depuis modifié cette interprétation[2], l’essai de Daguerre n’en a pas pour autant perdu sa valeur de symbole: seul au sein d’une foule dont la plaque n’a pas gardé trace, l’inconnu du boulevard du Temple incarne les limites des premiers procédés photographiques, impuissants à fixer un mouvement quelconque – autrement dit, incapables de produire une image fidèle d’un monde en action.

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André Gunthert in "Actualité de la Recherche en Histoire Visuelle"

illustration: Louis Daguerre, "Le Boulevard du temple, à huit heures du matin" (détail), daguerréotype, 12,9 x 16,3 cm, 1839, coll. Fotomuseum, Munich, original détérioré par nettoyage, copie de la version restaurée en 1976-1979

samedi 28 mars 2009

Bruno Serralongue /// WIELS Bruxelles



Si à première vue, le travail de Bruno Serralongue peut être comparé à celui d’un journaliste, sa méthode et sa démarche en sont en fait très éloignées. Ses photographies retranscrivent en effet l’actualité avec une certaine distance, en instaurant une temporalité différente de celle des médias de masse. Bruno Serralongue se plonge au coeur des coulisses et “à-côtés” d’une manifestation pour questionner le degré d’authenticité de l’image médiatisée.

Sous son regard et grâce au (dé-)cadrage qu’il opère, l’actualité prend une forme artistique. Ses photographies incitent le spectateur à s’interroger sur les notions de représentation, de point de vue et de distance.

WIELS
21 03 - 31 05 2009

plus d'info


illustration:
Bruno Serralongue, "Calais", 2007 (extrait)
#11. Passer en Angleterre, Accès terminal transmanche, Calais, juillet 2007.

Patrick Tosani /// "moitié 1"


Est-ce parce que l'époque fait de la chaussure un usage politique que celle de Patrick Tosani a fait sensation lors du salon Art Paris au Grand Palais ? Cette immense chaussure n’est pas tout à fait une image, ni tout à fait une sculpture. Quatre parties la constituent, blocs hauts de 2.40 mètres et long en tout de 5.40 mètres sur les bords desquels se retourne le tirage photographique sans interrompre la continuité des parties de l’image lorsqu’elles s’assemblent. Des objets-images qui s’inscrivent dans la filiation des derniers travaux de Tosani, des photographies montrant des structures sur lesquelles sont projetées des photographies et parmi lesquelles apparaissaient sous une forme fragmentée la chaussure (mais aussi un pieds nu formant arcade). Il ne s’agit plus ici de l’image d’une projection mais bien d’un objet photographique, une sorte de conciliation par adhérence de la structure et de la peau de l’image.

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Michel Poivert in "Vite vu"

illustration:
Patrick Tosani, #Moitié I, 2009, 240 X 540 cm, C. print, courtesy galerie C. Papillon, Paris.

Laurence Bonvin /// Museum für Fotografie /// Brauschweig


Laurence Bonvin "On Location"
Museum für Fotographie, Brausweig

The gated communities’ phenomenon has been structured in a different conceptual background in Turkey especially after the 60’s. It would be a significant mistake to overpass the military apartment blocks which are made for the families who work for the military service and the summer housing styles that are mainly constructed through the west and south coast of Turkey or the workers blocks. When we approach to the gated community phenomenon today, it is absolutely clear that we are coming across with a totally different understanding and planning.
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Fato Üstek

le site de Laurence Bonvin


illustration:
Laurence Bonvin, aus der Serie " On the Edges of Paradise", 2005/06